La mort – Selon la croyance chrétienne et l’enseignement de l’Eglise, la mort est le passage de cette vie temporaire à la vie éternelle, céleste. Pour cette raison, chaque chrétien se prépare pendant toute sa vie pour ce passage. Chaque personne, tant qu’elle est encore en vie, prépare avec ses amis ou avec les membres de sa famille, tout ce qui est nécessaire pour l’enterrement d’un chrétien.
Le lit de mort – signifie, dans notre peuple, aussi bien l’endroit où la personne est décédée, que le moment où l’âme du défunt a quittée le corps. D’habitude, d’après la gravité de la maladie, et l’état du malade, on peut prévoir, plus au moins exactement, le jour de sa mort. Alors, il faut appeler le prêtre pour qu’il donne au mourant l’extrême onction, afin que l’âme puisse plus facilement se séparer du corps. Dans certaines régions, il est de coutume que la parenté et les amis fassent leurs adieux au malade, et se pardonnent réciproquement toutes les offenses. L’expérience populaire nous apprend que l’âme du défunt qui s’est confessé et qui a communié juste avant sa mort, sort du corps doucement et silencieusement, comme l’oiseau qui quitte la cage, et va à la rencontre de Dieu. Les adieux se font de la façon suivante : le malade appelle les personnes qu’il pense avoir offensées au cours de son existence. L’un après l’autre, ceux-ci s’approchent du lit.
Alors, le malade dit : « Pardonne-moi mon frère » (il l’appelle par son nom, et d’habitude dit aussi quel péché pèse sur son âme). Celui-ci enlève le couvre chef, s’incline légèrement vers le malade et répond : « Que Dieu te pardonne tes offenses sur la terre comme au ciel ».
La toilette du défunt – dès que l’âme commence à quitter le corps du mourant, on prépare un cierge, on l’allume et on le place au dessus de sa tête ou dans ses mains. C’est le parent le plus proche ou le plus cher qui allume le cierge. Pour un père ou une mère, c’est le fils qui allume le cierge. On procède de la façon suivante : celui qui allume le cierge, le prend, fait signe de croix, embrasse le cierge et dit : « pour le repos de l’âme de mon (il dit le degré de parenté et le nom du mourant), que Dieu lui accorde le repos éternel. Les autres disent tout bas : » Que Dieu lui accorde le repos éternel », et se signent. Le cierge et sa lumière symbolisent le Crist lui-même qui est lumière et qui éclaire le chemin de chaque personne qui croit en Lui. Si quelqu’un meurt sans le cierge allumé, c’est considéré par le peuple, comme le châtiment et la malédiction.
Dès que la mort est constatée, on prépare l’enterrement. D’abord, on lave le mort, on le rase, on lui met des habits de fête préparés à l’avance. Une personne âgée du voisinage du même sexe que le défunt, fait la toilette du défunt. En principe, on frotte le corps avec des serviettes humides, on coupe les ongles, (on rase l’homme), on l’habille d’habit neuf préparé à l’avance par le (la) défunt(e) lui (elle)-même. Ainsi préparé, le (la) défunt(e) est posé(e) sur une table dans une grande pièce, ou bien il (elle) reste sur son lit de mort jusqu’à que le cercueil soit fait. Ses mains sont croisées sur sa poitrine, la main droite par-dessus la main gauche.
Les préparations pour les obsèques – Étant donné qu’entre le moment de décès et l’enterrement doivent s’écouler 24 heures, le défunt passe la nuit soit à la maison, soit à la chapelle. Nuit et jour il est entouré par ses amis et ses proches. La conversation est pieuse, on prie pour le repos de l’âme du défunt, et on prépare tout ce qui est nécessaire pour les funérailles. C’est la coutume dans les villages, dans les villes on procède différemment, car le corps du défunt passe la nuit dans la chapelle.
L’enterrement a lieu le lendemain, un jour après le décès. Tôt le matin, quelques voisins et amis vont creuser la fosse.
Dès que quelqu’un décède, on avise la parenté, les amis et les voisins, et on fixe l’heure de la sépulture. On contacte tout de suite le prêtre qui doit conduire les funérailles, on imprime les faire-part de décès, ou, éventuellement, on publie avis de décès dans le journal qui tient lieu de faire-part. Etant donné que la mort peut être inattendue, le maitre de maison, ou la famille, ne sont pas prêts à organiser les funérailles tout seuls. Les amis et les voisins devraient aider la famille endeuillée.
Lorsqu’on vient à la maison mortuaire, on présente ses condoléances de la façon suivante : Celui qui arrive, dès qu’il rencontre une personne de la famille à la maison ou dans la cour, la salue, s’ils sont très proches, il l’embrasse sur la joue, et dit : « mes sincères condoléances », ensuite il est conduit dans la pièce où se trouve le défunt. Il embrasse le défunt, ou l’icône, ou la croix, dépose les fleurs, reste un moment devant le cercueil, puis part dans la pièce réservée aux invités.
Office pour le défunt – le prêtre arrive à l’heure fixée. Le maître de maison l’accueille et le conduit dans la pièce où se trouve le défunt. Après que le prêtre ait pris les données nécessaires concernant le défunt, on sort le cercueil dans la cour où on célèbre l’office pour le défunt. Dans des villes où existe la chapelle mortuaire, tout le monde s’y rend à l’heure fixée pour la sépulture. D’abord, on distribue les cierges à tous les invités, ceux-ci les tiennent allumés pendant l’office. Pendant la célébration, la parenté se tient debout à droite du cercueil. Celui-ci est placé de la sorte que le défunt regarde vers l’est. Pendant l’office, l’assistance prie intérieurement pour le repos de l’âme du défunt dans un silence total. La Croix est placée au dessus de la tête du défunt. En tête de cercueil se place une petite table sur laquelle se posent les grains de blé préparés comme pour la « slava ». Dans ces grains cuits, on plante une petite bougie. Sur cette table on met aussi un petit flacon avec du vin et de l’huile mélangés, (rappel du saint mystère de l’onction) avec lesquels le prêtre asperge le défunt au cours du rite du dernier adieu. Sur la petite table se trouve encore un verre de vin avec une petite cuillère, avec laquelle le prêtre, après l’office de la petite pannikhyde, verse quelques gouttes de vin sur les grains de blé. On pose là encore un pain et un bol avec du miel. Le pain symbolise le Christ qui est le pain de vie, et le miel représente la douceur du paradis et de la vie éternelle.
Les adieux – après l’office pour le défunt, d’abord la parenté, ensuite toutes les personnes présentes embrassent l’icône ou la croix posée sur la poitrine du défunt ou sur le cercueil. Les uns après les autres, ils s’approchent du cercueil, chacun s’arrête devant le défunt, se signe et s’incline, ensuite il embrasse l’icône ou la croix et murmure : « Que Dieu lui accorde le repos éternelle ».
Le convoi funèbre – après le dernier baiser au défunt, on ferme le cercueil, on le met dans la voiture ou on le porte. On forme le convoi funèbre. A la tête du cortège à droite, se trouve la croix ; les grains de blé et le vin mélangé à l’huile, sont à gauche. Après la croix et le blé suivent les drapeaux avec les icônes des saints imprimées, et les ripides (du grec ripiz, gén.ripidoz – éventail, mais aussi la plaque en bois ou en métal avec l’effigie de l’ange qu’on porte fixée sur une hampe lors des processions. Ils sont suivis par les jeunes qui portent les fleurs, derrière eux marche le prêtre en chantant des chants de circonstance. Derrière le prêtre vient le cercueil avec le défunt dont les pieds sont tournés devant, ensuite suit la famille selon le degré de parenté. La famille est suive par les invités. Entre la maison et le cimetière, le cortège s’arrête deux fois pour une petite pannikhyde (court office en commémoration des défunts orthodoxes), d’habitude on s’arrête à un carrefour, et à un endroit que le défunt aimait particulièrement. Troisième pannikhyde est dite au dessus de la tombe.
Inhumation – lorsqu’on arrive à la tombe, on pose le cercueil à côté de celle-ci. Le prêtre célèbre la petite pannikhyde et encense la fosse. Les croque-morts embrassent la croix ou l’icône sur la poitrine du défunt ou sur le cercueil, ainsi que tous ceux qui ne l’avaient pas fait auparavant. Le prêtre asperge le cercueil dans la fosse avec le reste du mélange de vin et d’huile, prend un peu de terre excavée et jette sur le cercueil. Toutes les personnes présentes en font autant en disant : » Que Dieu lui accorde le repos éternel. ».
La bénédiction de l’eau – Après le retour du cimetière, le prêtre bénie l’eau dans la pièce où le défunt a rendu le dernier soupir, et où il était couché pendant sa maladie. Le prêtre bénie l’eau pour la santé et la prospérité du reste de la famille. Dans certaines régions, tous ceux qui reviennent du cimetière, en arrivant dans la cour, se lavent les mains, ensuite saisissent un petit charbon ardent, le roulent vite entre les mains, et le jette par-dessus leur épaule. Cette coutume datte de l’époque où la Serbie était dévastée par les maladies infectieuses, et c’était la façon la plus rapide de désinfection ordonnée par les autorités civiles. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de respecter cette coutume. Il faudrait quand même préparer l’eau et une serviette, en l’absence d’eau courante, pour que les invités puissent se laver les mains après leur retour du cimetière. Lorsque les croque-morts reviennent, on sert le souper pour le repos de l’âme du défunt .Autour de ce souper se sont crées de nombreuses coutumes. Il y a des régions où avant le souper, on sert aux invités du blé (les grains de blé cuits et spécialement préparés), du miel et de du pain, ailleurs, on le fait au cimetière.
En ce qui concerne les coutumes accompagnant la sépulture, l’Eglise estime que les plus importants sont l’office pour le défunt, le blé et le vin. L’office pour le défunt est la prière du prêtre pour le repos de l’âme du défunt, et pour le pardon des péchés qu’il a commis, en tant qu’homme, au cours de sa vie. Les petites pannichydes dites entre la maison et le cimetière, sont très importantes, car ce sont aussi des prières.
Des coutumes superflues – dans certaines régions, l’enterrement est accompagné de coutumes superflues, erronées, voire nocives, qui vont souvent à l’encontre de l’enseignement de l’Eglise. Il est difficile de changer ces coutumes dans le peuple, surtout celles qui existent depuis des siècles. De nos jours, apparaissent les nouvelles coutumes, mais elles sont plus faciles à changer. Notamment, l’achat de couronnes de fleurs, ou de cadeaux pour tous les invités venus à l’enterrement. Tout cela est très couteux, et complètement superflu. Il serait plus judicieux de donner l’argent destiné à l’achat des couronnes au maître de maison, ou à la famille, pour alléger la facture de l’enterrement. A la campagne s’est installée la coutume de servir un repas abondant après l’enterrement sans lésiner sur les boissons, et il arrive des fois, qu’après avoir bien mangé et bien bu, les invités ivres commencent à se comporter d’une façon indécente, ce qui est un outrage inadmissible au défunt et à sa famille. Le prêtre, ainsi que toutes les personnes sérieuses et pieuses, doivent lutter contre ces coutumes.
Les habits et le temps de deuil – après le décès d’un de ses membres, la famille porte le deuil. Pendant un an, les femmes portent le foulard noir, et les hommes, la chemise, la cravate, ou le ruban noir. Pendant ce temps, la famille ne prend pas part aux réjouissances, ne danse pas et ne chante pas.
Par contre, on fête la « slava » comme d’habitude, sans tenir compte du temps qui la sépare du décès survenu dans la famille. Cette célébration de la fête est même nécessaire, étant donné que quand on prie pour la « slava » on prie aussi pour le repos de l’âme de nos proches parents. Au cours de l’année qui suit la mort d’un proche, la famille n’organise pas de fêtes à la maison ; ni le mariage, ni la surprise-partie, ni les danses. En ce qui concerne les coutumes liées à l’enterrement, il est préférable de se consulter avec le prêtre sur ce sujet, car, il est difficile de les citer toutes ici et de dire si une coutume est bonne ou pas.
Tierce – le lendemain de l’enterrement, la famille proche se rend au cimetière, où elle allume des cierges sur la tombe pour le repos de l’âme du défunt. Ça s’appelle tierce, car c’est le troisième jour après la mort. On apporte sur la tombe le blé cuit, le vin, les cierges, du miel, le pain rond, l’encensoir et l’encens. Dans certaines régions, la tierce se fait en présence d’un prêtre qui célèbre (parastasiz), office en commémoration du défunt, ou la petite pannikhyde, sur la tombe. Il y a des régions où la famille se rend sur la tombe le septième jour après le décès, ou le premier samedi suivant le décès, ça s’appelle la septième. Cet office se déroule de la même façon que la tierce.
La quarantième – ou la pannichyde est, après l’office du défunt, la prière la plus importante établie par l’Eglise. Selon l’enseignement de l’Eglise, le quarantième jour après la mort, l’âme humaine arrive devant Dieu. Le mieux est de célébrer la pannichyde le quarantième jour exactement après le décès. Si ce n’est pas possible, il faut la célébrer le samedi qui précède le quarantième jour du décès. Pourquoi le samedi ? Le samedi est le jour que l’Eglise a consacré aux morts, le jour où nous prions pour le repos de leurs âmes et nous nous rendons au cimetière. Ce jour-là, on prépare les grains de blé cuits, le vin, le miel, le pain rond, l’encensoir, l’encens et les cierges qu’on allume sur la tombe et que la famille et l’assistance tiennent dans les mains. On invite le prêtre pour célébrer la pannichyde sur la tombe, ou bien on porte le blé cuit à l’église, et le prêtre célèbre la pannichyde au dessus de ce blé, que la famille porte ensuite sur la tombe pour l’offrir aux invités et pour asperger la tombe avec du vin.
De nombreuses coutumes sont liées à la célébration de la pannichyde, comme par exemple l’abattage d’un porc ou d’un autre animal. Cela ne fait pas partie des coutumes prescrites par l’Eglise. Toutefois, si le but de cet abattage est de nourrir et d’aider les pauvres, cette coutume pourrait être justifiée et considérée comme l’offrande pour le repos de l’âme du défunt. Autrement, ce n’est qu’une coutume païenne liée au sacrifice des animaux.
La pannichyde semestrielle et du 1er anniversaire – après 6 mois, ainsi qu’après un an, on peut aussi prier pour le défunt, c’est-à-dire, célébrer la petite pannichyde. Ce jour-là, comme pour le quarantième jour, on prépare, les grains de blé, que le prêtre bénit, on se rend au cimetière, on allume des cierges et on encense la tombe. La petite pannichyde peut être célébrée plus souvent, si on le souhaite. Les repas copieux qui accompagnent cette célébration, ne sont pas recommandés par l’Eglise.
La grande pannichyde, ou la fête des morts – l’Eglise a établie les jours particuliers consacrés à la prière pour les mort. La grande pannichyde a lieu quatre fois par an : le samedi avant le Grand Carême, le samedi avant la fête de Saint Cyriaque l’Anachorète, le samedi avant la Pentecôte et le samedi avant la fête de Saint Dimitri. Ces jours-là, le prêtre célèbre la pannichyde, ou l’office du défunt, bénit les grains de blé cuits et la famille se rend au cimetière, allume les cierges pour le repos de l’âme des parents et amis décédés, encense et arrange la tombe.
Les cimetières sont les endroits où on enterre nos proches parents décédés. Le devoir chrétien nous impose de nous souvenir dans nos prières de nos parents décédés, de prier Dieu pour le repos de leurs âmes, d’allumer des cierges, de célébrer les offices pour les défunts, d’ériger le monument funéraire sur leurs tombes et d’entretenir celles-ci.
Malheureusement, aucun peuple ne néglige autant l’entretien des tombes que les Serbes. Pour que les choses changent, l’Eglise et l’état doivent œuvrer ensemble. D’autre part, dans certaines régions, le peuple tombe dans l’autre extrémité. Là-bas on peut voir sur les cimetières des monuments luxueux, des chapelles d’une architecture fantaisiste dans lesquelles sont installés des réfrigérateurs, des postes de télévision, des lits, etc. C’est une coutume aberrante. Le monument funéraire devrait être modeste, avec le symbole chrétien en forme de croix. La vie sur la terre est courte, et elle ne doit pas symboliser l’éternité ni l’attachement à la terre. Il est beaucoup plus important de nous souvenir dans les prières de nos proches disparus, de faire des bonnes œuvres pour le repos de leurs âmes, en donnant de l’argent aux pauvres, aux églises, aux hôpitaux, aux homes pour les enfants abandonnés, et autres institutions humanitaires.
La crémation – il est important de dire que l’incinération des morts n’est pas la coutume chrétienne. L’Eglise, par égard pour la famille proche du défunt, permet seulement un court office pour celui qui sera incinéré. L’incinération est un grand péché devant Dieu.
Le suicide – le suicide est le plus grand péché, car le suicidé n’a pas l’occasion d’expier son péché. Jadis, on n’enterrait pas les suicidés aux cimetières. Toutefois, avec la permission de l’évêque, il est possible de célébrer un court office pour le défunt, mais pas le jour de son enterrement.