La traditionnelle fête de Noël orthodoxe trouve sa place dans la Serbie d’aujourd’hui. Elle est fêtée le 7 janvier suivant le calendrier julien toujours en vigueur dans l’Eglise serbe. Cette différence d’avec l’église catholique remonte à 1582, quand le pape Grégoire XIII changea de calendrier et créa le calendrier grégorien plus en synchronisme avec le soleil. Le calendrier julien fut établi par Jules César en 46 av. J.-C. Les protestant acceptèrent le nouveau calendrier au début du XVIIIè siècle.
Noël célèbre la naissance de Jésus, censée avoir eu lieu il y a environ deux mille ans. Mais, à y réfléchir un peu, il est improbable que l’événement soit célébré depuis cette naissance. Quelle est donc l’origine de la fête de Noël?
La naissance de Jésus
Ce n’est qu’au sixième siècle de notre ère qu’un moine vivant à Rome, Denys le Petit, fixe la naissance de Jésus le 25 décembre de l’an 753 de la fondation de Rome et en fait le début de l’ère chrétienne, dans laquelle nous vivons aujourd’hui. En réalité, Jésus est plutôt né avant la mort d’Hérode le Grand (749 de Rome, soit -4). Selon Matthieu, Jésus serait né avant le remplacement d’Hérode par Archélaüs, donc vers -6 ; mais selon Luc, ce serait au moment du recensement de Quirinius qui a eu lieu au moment de la déposition d’Archélaüs, en +6. L’année choisie par Denys correspond ainsi à une moyenne entre ces données contradictoires, mais on ne connaît pas le détail du calcul de Denys.
Denys fixe donc tardivement l’année, mais la fête de Noël existe déjà. Elle est cependant postérieure à la rédaction des évangiles : les récits de la naissance (Matthieu 1-2 ; Luc 1-2) sont écrits après ceux du ministère, vers l’an 100. Or, à cette date, les chrétiens ne fêtent pas encore cette naissance, et rien ne suggère que l’événement ait eu lieu en hiver. En somme, Noël n’existe pas comme fête avant le deuxième siècle.
Le substitut de la fête païenne du solstice d’hiver
La fête de Noël est, en revanche, bien attestée au début du quatrième siècle, lorsque l’empire romain se christianise ; et l’on observe alors qu’elle remplace progressivement la fête romaine des Saturnales qui est une fête de la lumière célébrant le moment de l’année solaire où les jours recommencent à s’allonger. Symboliquement, le solstice d’hiver marque la victoire de la lumière sur les ténèbres et le jour est donc célébré dans la joie.
Les coutumes serbes de la fête de Noël
C’est au neuvième siècle, après leur christianisation par Byzance, que les Serbes commencèrent à fêter Noël. Le rituel de célébration est un mélange des principes orthodoxes et des traditions populaires. Ainsi, la veille de Noël, qui revêt un caractère tout aussi important que le jour même, est principalement marquée par le jeûne. Pour les plus fidèle, le jeûne commence dès le 28 novembre avec le carême de Noël. En hébreux ancien, le mot quarante signifie la „multitude“, les quarante jours du carême de Noël symbolisent donc la longue attente par l’humanité de son Sauveur (Jésus jeûna pendant 40 jours dans le désert et ordonna à ses disciples de jeûner). Le carême de Noël n’a pas pour but unique la santé du corps. Le but principal est, par un état d’abstinence, d’accéder à une disponibilité du mental, afin de le diriger vers la prière. Cette pratique religieuse, oubliée en Occident consiste, en premier lieu, en une limitation de nourriture pendant certaines périodes ou jours isolés. Pendant le carême les croyants s’abstiennent de toute nourriture animale : viande, poisson, œufs et produits laitiers (mais pas des crustacés et des fruits de mer, ni de miel).
Un carême encore plus sévère interdit l’utilisation d’alcool et d’huile ainsi que de ses produits dérivés, comme la margarine. Mais le carême de Noël est considéré comme moins rigoureux et permet même le poisson les samedis et dimanches.
La fin du carême est marquée le jour de Noël par un repas festifs regroupant toute la famille. Le repas est constitué principalement d’un cochon de lait grillé, symbolisant un sacrifice au Dieu dont l’origine remonte à l’époque pré-chrétienne, et d’une galette de pain contenant une pièce. Lors du repas, les morceaux de la galette sont coupés à la main et celui qui reçoit la part contenant la pièce aura une année heureuse. La galette est également un symbole de sacrifice au Dieu, qui remonte à l’ancien testament.
La veille de Noël, le matin très tôt, le père de famille part chercher le „badnjak“ (rameaux de jeune chêne) qu’il laisse devant l’entrée jusqu’au soir. Lors du couché du soleil, le badnjak est introduit dans la maison, et posé sous la table (sur laquelle aura lieu le repas) avec de la paille. Le dîner est composer de galette, de poisson cuit à l’huile, de miel, de vin, de fruits secs et d’haricots. La nourriture ne doit pas être consommés entièrement.
On souhaite Noël en disant „Le Christ est né !“ ou „Joyeux Noël !“, en réponse on reçoit „Il est né !“ ou „Que Noël t’apporte du bonheur !“.
Le repas de Noël commence après le retour de l’église. Le père de famille allume un cierge et fait le signe de croix, bénit le repas, récite le „notre père“ et coupe le gâteau de Noël.